Billets de CLAUDE

JUIN 2025

"Le temps des uns et le temps des autres"

Pour débuter ce témoignage sur cette 8^ème édition, Tarbes en Philo propose une approche originale : la dégustation d’un verre de vin proposée par un viticulteur, le vendredi 13 juin 2025, au Pari, en fin d’après midi. Un instant extrêmement fugitif, chargé de symboles, lors de la durée de cette manifestation. Un moment original pour témoigner de cette nécessité de donner du temps au temps ! Ce viticulteur œnologue a démontré l’importance d’accorder de la durée pour élever un produit de qualité. De plus le vin présenté lors de cette dégustation s’inscrivait dans une approche cosmologique car il s’agissait d’un produit issu d’un terroir travaillé en biodynamie. (La biodynamie est un principe d'exploitation agricole qui met l'accent sur le fait que tout terrain d'exploitation doit être considéré comme un organisme vivant, autonome et diversifié. » L’espace temps accordé à chaque participant pour déguster un verre de vin n’était pas comparable à l’espace temps nécessaire pour l’élaborer ! Le temps des uns n’est pas celui du temps des autres ! Cet exercice philosophique concret proposé par les animateurs Rose-Marie Chevalier et Pierre Belmas fut une excellente façon de s’interroger individuellement et collectivement sur « le temps (qui passe ?) » pour reprendre le titre de l’un des derniers livres d’Etienne Klein publié en 2025 aux éditions Bayard (les petites collections).

Je suis de ceux qui ont apprécié les propos pédagogique tenus par le philosophe Michel Tozzi lors du café philo. Comment apprendre à gérer l’espace-temps : le moment passé est vraiment trop court, le moment présent de plus en plus angoissant, le futur trop éloigné si ce n’est la nécessité de rechercher la sagesse pour apprendre à disparaitre ! Eu égard à ma modeste expérience cela m’a incité à proposer trois réflexions. Tout d’abord apprendre à gérer les paradoxes entre les bons et mauvais moments vécus en poursuivant sans relâche un travail personnel en se confrontant à l’autre, aux autres…  Puis, Vivre les moments présents les plus intensément possibles, ici et maintenant, y compris en cultivant l’imagination… Enfin maitriser l’accélération du temps en élaborant sans cesse la construction de projets…

De Galilée sur la chute des corps dans une atmosphère à pression constante (pression atmosphérique) à la théorie de la Relativité, le physicien Etienne Klein  rappelle que l’humanité est une espèce récente seulement 2 millions d’années contre 14 milliards d’années sur l’existence connue à ce jour de notre univers. Une évaluation démontrée actuellement par les scientifiques. Rappelant chemin faisant que l’espace et le temps ne sont pas indépendant l’un de l’autre. Oui la mesure du temps est plus que jamais relative ! Par contre les philosophes comme Spinoza nous invitent à définir une durée comme une activité apparentée à la nature éternelle de l’être. Lors des débats l Le philosophe Henri Bergson (1859-1941) contemporain et critique du physicien Albert Einstein (1879-1955) fut souvent été cité lors des débats. Face à la théorie de la relativité Bergson prône l’idée de conscience (esprit) : « le Temps est défini par qualité pure et hétérogénéité pure, exclusive de toute quantité, de toute homogénéité, et partant de toute mensurabilité. C'est le propre de l'esprit. »

Il est d’usage de comparer le temps vécu par un individu à l’écoulement d’un long fleuve tranquille dans le meilleur des cas. Plus souvent au cours d’un torrent jonchée de difficultés à surmonter à contourner… Sachant que dans les deux cas ceux-ci ne remontent pas à leur source ! D’aucuns évoque la flèche du temps. Une expression introduite en 1928 par Arthur Eddington pour décrire le phénomène selon lequel le temps semble s'écouler toujours dans la même direction. Cette expression recouvre un ensemble de théories qui explique pourquoi le temps s'écoule de manière unidirectionnelle. La perception du temps est subjective et sujette, notamment, à plusieurs illusions. Ainsi, le temps peut sembler plus long lors de périodes d'ennui et plus court lors d'événements intenses. En fait, la perception du temps d'un observateur peut varier en fonction de ses émotions et de son âge. Dans cet ordre d’idées j’ai apprécié la métaphore d’Etienne Klein sur notre présence lors d’un voyage au bord d’un  TGV. Si le paysage défile à 250 Km/h^, assis sur notre siège nous surveillons les secondes qui s’écoulent sur notre montre au poignet, entre le départ et l’arrivée de notre train, à des heures fixes prévues…

Singulièrement ce samedi nous avons profité pleinement de cette séquence hors du temps en appréciant une intervention remarquable du directeur du Conservatoire sur l’analyse séquentielle des temporalités pratiquées par les musiciens à titre personnel ou dans le cadre d’un ensemble lors de prestations musicales. De plus une exposition de peintures agrémentée les salles d’accueil du Pari. L’art, une autre façon de mieux appréhender le temps, à défaut de le maitriser ! Enfin et surtout merci aux deux jeunes danseuses du Conservatoire de nous avoir montré, avec grâce et talents, une jeunesse vivante, éloignée des clichés médiatiques actuels du temps présent.

« Le temps des uns et le temps des autres » cette thématique proposée pour cette édition de Tarbes en Philo n’est-elle pas, avant tout une proposition, au demeurant réussie, de favoriser dans un espace temps contraint, des instants forts d’échanges hors du temps ! Chers amis organisateurs, vous avez réussi, une nouvelle fois, votre pari de faire aimer la philosophie.

Cette philosophie qui reste une recherche de la sagesse. Sans oublier la poésie. Parfois de façon tragique, si l’on suit Léo Ferré :
« Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être, mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment
Avec le temps on n'aime plus »                                                                                                                                                           

En conclusion, je préfère Le romantisme de Lamartine, en l’occurrence lors de ce Tarbes en Philo nous avons vécu un temps suspendu !                                                                                                              «Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !                                                                                Suspendez votre cours :                                                                                                                                               Laissez-nous savourer les rapides                                                                                                                                           Des plus beaux de nos jours ! »

OCTOBRE 2024

Les murs blancs de

Léa et Hugo Domenach